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Résumé de la thèse de Doctorat « Les enfants de la rue à Ouagadougou. Entre mobilité, socialisation et stigmatisation » (2015)

Le phénomène des enfants de la rue a été peu exploré sous l’angle de la stigmatisation et de ses effets. Notre étude sociologique s’intéresse aux représentations sociales de l’enfant vulnérable au prisme du processus de son intégration au sein des villes. Nous avons largement accordé la parole aux enfants de la rue à Ouagadougou, exclus de leur famille et de l’école. En effet, au Burkina Faso et en Afrique de l’Ouest, le modèle éducatif hérité des indépendances ne remporte qu’un succès relatif (programmes inadéquats et reposant sur l’inégalité des chances) et les familles face à des contraintes économiques, culturelles et religieuses, sont parfois confrontées à des choix difficiles. Au–delà de la diversité des parcours et des trajectoires, la forte mobilité enfantine – pratique sociale du confiage des filles et des garçons à un tiers – conduit malencontreusement de jeunes enfants et des adolescents mineurs (issus indifféremment du milieu rural ou urbain) à la fuite vers une vie dans la rue. Des groupes d’enfants s’organisent alors en système d’entraide avec ses codes et ses règles et s’activent à des stratégies de survie (ou adaptations secondaires). La recherche d’argent par la mendicité ou le travail reste leur principale activité. Exposés inexorablement aux dangers de la rue, à la délinquance, ils se marginalisent dans une société en mutation qui les stigmatise. Ce type de socialisation et d’éducation mène les enfants à un enracinement opportuniste dans ce mode de vie car ils apprennent la résilience en pratiquant le nomadisme entre la rue, les familles, les patrons et des structures d’accueil de type clientéliste. La pauvreté du « sous-développement » ne peut justifier cependant que l’enfant de la rue, anomie des sociétés solidaires, reste au cœur d’un système d’interactions et remplisse paradoxalement une fonction de régulation. En dépit des conventions ratifiées de prévention et de protection, l’enjeu des politiques internationales et nationales de développement réside encore dans une meilleure coordination des actions humanitaires d’aide à l’enfance défavorisée.

Mots clés : enfant de la rue, stigmatisation, éducation, socialisation, mobilité, développement, résilience, Ouagadougou, Burkina Faso.

The street children of Ouagadougou. Between migration, socialization and stigmatization

The phenomenon of street children has been little explored in terms of stigmatization and its effects. Our sociological study focuses on social representations of vulnerable children and the different facets of the process of their integration within cities. We have largely made a point of listening to what street children in Ouagadougou, who are excluded from family and school, have to say. Indeed, in Burkina Faso and West Africa, the educational model inherited from independence won only limited success (inadequate programs based on unequal opportunities) and families facing economic, cultural and religious constraints are sometimes faced with difficult choices. Beyond the diversity of routes and paths, high child mobility – the social practice of traditional fostering for girls and boys -, has unfortunately led young children and young teenagers from both rural and urban areas to run away, but only to a life on the streets. This leads to groups of children organized on the basis of self-help systems, with their own codes and rules, focusing on survival strategies (or secondary adaptations). Looking for money by begging or work remains their main activity. Inexorably exposed to the dangers of the street and to delinquency, they become marginalized in a changing society that stigmatizes them. This type of socialization and education leads children to take root in this way of life in an opportunistic manner, because their very nomadism between the street, families, employers and clientelistic temporary accommodation is what inculcates resilience. However, “underdevelopment” poverty cannot justify that the street child, the product of the anomie of supportive societies, remains at the heart of a system of interactions and paradoxically fulfills a regulatory function. Despite the ratified conventions for prevention and protection, the challenge for international and national development policies still lies in better coordination of humanitarian aid to underprivileged children.

Keys Words: street children, stigmatization, education, socialization, mobility, development, resilience, Ouagadougou, Burkina Faso

Résumé du Mémoire de DEA en sciences de l’éducation : Les exclus de l’éducation de base à Dakar. Le cas des Talibés http:// http://fastef.ucad.sn/disponibilitesbu.htm

Le Sénégal est l’un des pays concernés par le programme mondial de l’EPT de l’UNESCO. En appui des efforts consentis par l’État sénégalais et de l’aide internationale, ces dernières années, ce sont aussi les initiatives privées, les ONG qui ne manquent pas de s’activer autour de cet objectif d’éducation. Les écoles communautaires de base, les écoles de la rue, en français, en langues nationales, en arabe, tentent d’intégrer ceux qui ne sont pas à l’école formelle par des structures non formelles ou informelles. Les écoles coraniques, qui sont de différents types et malheureusement pas recensées absorbent une grande partie des enfants mais on ne sait exactement combien. Une bonne partie de ces enfants, élèves des écoles coraniques court les rues des villes et plus particulièrement de la capitale sénégalaise et passe la majeure partie de son temps à mendier.

Le statut de ces enfants, au sein de la société dakaroise est confus : confiés à un enseignant coranique (marabout) par leurs parents, parfois sans ressources, leurs conditions de vie apparaissent déplorables. Nous souhaitons comprendre avec cette recherche, de quelle manière ils sont intégrés dans la société et voir s’ils reçoivent une éducation de base à travers la question de recherche suivante : Les enfants talibés sont-ils exclus du système éducatif sénégalais formel ?

Le système éducatif sénégalais se décompose en trois sous-systèmes (formel ou scolaire, non formel et informel) qui sont difficiles parfois à délimiter et qui s’interpénètrent Les exclus de l’éducation de base (enfants qui ne sont pas scolarisés, en échec ou abandon scolaire) seraient une résultante de ce problème lié à la forme et aux contenus de l’enseignement à pourvoir aux enfants. La notion de modèle est sous-jacente. Existe-t-il un modèle éducatif qui efface l’exclusion ? Pour le cas des enfants talibés de Dakar, nous avons émis l’hypothèse que de nos jours, avec le système des daaras, ils reçoivent une éducation de base insuffisante pour une intégration au sein de la société sénégalaise. Certains daaras n’assurent quasiment aucune formation aux enfants.

L’enfant est au centre de nos recherches et au coeur du système. Afin de mieux les comprendre, nous donnons directement la parole aux enfants dans une étude à caractère sociologique qui vise la description qualitative. Nous avons tenté une clarification des concepts qui reste une aventure pour les chercheurs de tous les horizons. Nous avons choisi un modèle d’analyse de la stratégie de l’acteur dans le système qui lui impose des normes de conduite. Les écoles coraniques sont ainsi intégrées comme sous-système éducatif du système global éducatif sénégalais. C’est donc avec une approche systémique que nous étudions les rapports entre les différents organes du système scolaire et de la société.

Aussi, nous voyons que la société sénégalaise actuelle est en proie à des paradoxes : le problème d’accès à l’éducation se pose non seulement à cause d’un manque de structures et d’enseignants mais aussi à cause d’un ensemble de facteurs psychosociologiques liés à un contexte social et économique de développement entre tradition et modernité. Ainsi, la place et le rôle de l’enfant talibé au sein de la société a évolué au cours du temps, et il reste encore à reconnaître ces changements par une prise en compte sérieuse de cette frange défavorisée de la population enfantine. Certains dysfonctionnements pourraient être un frein puissant au développement durable du pays.

Mots clefs : éducation de base – talibé – exclus – formel – daara – système.

Voici un article paru en 2016 suite à un Interview de Nabila El Hadad : https://www.africanchildinfo.net/index.php?option=com_k2&view=item&id=7362:burkina-faso-street-children-in-burkina-faso-lives-met-with-neglect&Itemid=67&lang=en

Résumé du mémoire de Maîtrise en sociologie.

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